Dans les flammes

Les commissures du feu.
La herse qui suce les branches.
Tu te ris de moi, inaccessible penses‑tu...
La peau du feu.
La gueule qui se plisse ricane dans les étincelles bleues jaunes bleues.
Et les tourbillons de la fumée retombent.
Le souffle du feu.
Le grognement qui s'étend pousse sa bave pousse les brandons se dilate.
Tu vas jusqu'à me tendre ta main.
Le front, les tempes.
Le masque du fer noir qui souffle s'épanouit dans les galeries blanches.
Le sang.
La langue qui s'élargit dans les taillis du feu.
Te voilà séparée de toi‑même!
Et les épaisseurs retombent.
Les muscles.
Les oreilles noires rouges du feu rouge bleu qui jaillissent bleu violet grondent jaillissent
Tu te vois brûler.
Et les draps retombent.
Les tendons.
Les nervures du feu qui se tendent.
La chevelure.
Les bracelets noirs d'yeux noirs du feu orangé qui s'accrochent aux créneaux se crispent.
Brûle!...
Et la taie retombe.
Les boucles.
Les remparts rouges du four rouge qui déploient leurs tissus mordorés de feu.
L'échine.
La crinière noire du feu bleu qui s'enroule aux piliers jaunes se tresse dans les salles jaunes s'enroule.
Tu me révèles alors ton pied.
Et la paupière retombe.
Les épaules.
Le lierre du feu qui se courbe sur les tours aux brèches d'or.
Je plonge tes yeux dans mes yeux.
Les poils.
La noire échine du feu rouge qui plonge dans les manchons d'écorce qui s'ouvrent verts plonge dans l'arsenal d'épées de cuivre.
Et l'obscurité de la fumée retombe.
Les hanches.
L'encolure qui se hérisse le poitrail outremer les épines du feu qui se creuse dévale dans les cirques de moire.
Sens‑tu mon enfer?
Les charmes.
Le poil noir le pelage bleu noir la robe bleu blanc du feu pourpre se développent sur les lits de flammèches d'azur s'arrondissent dans des alcôves de flèches se développent azur.
L'un de nous tient un oeil ouvert sur toi.
Et la nuit retombe.
Les chevilles, les talons, les jambes.
La fourrure du feu qui charme rouge pétille les sabots orangés dans leurs stalles de cendre qui charment pétillent se dressent dans leurs torils de sinople pétillent.
Au moins j'ai réussi à te rendre furieuse!
Les secrets.
Les ruades les jarrets noirs le galop la marée cramoisie des
glaives qui frappent trépignent dans les puits noirs frappent trépignent cramoisis s'affinent dans les fours sang soutiennent les gaines de feu cramoisi s'affinent.
Et la croix de la fumée retombe.
La lubricité.
La course la queue du feu attisent la forge caressent les antres de charbon attisent caressent les éventails d'étamines rubis les couvrent d'écume les caressent.
Renversée...
La soif.
La hure noire du feu se déchaîne règne sur le fourneau rouge règne sur le gril bleu engloutit les graines jaunes règne écarlate engloutit les épieux grenat réclame écarlate engloutit.
Et le taureau retombe.
Les mains, les doigts du feu.
La fournaise hurle dévore blanche hurle corolle de stylets amarante et de crosses blanches dévore les bûches de feu se ferme dévore.
Il est bien temps vraiment de t'incliner vers moi! Je gagne.
Les articulations, les ongles, les paumes du feu.
Les plumes noires les châles de gueules les étendards noirs les flots de poudre du feu voilent les broches de gueules les lézardes garance chatouillent et voilent les nœuds les fourches de gueules.
Mais je vois bien que c'était encore pour te moquer!
Et le lion de la fumée retombe.
Les poignets, les saignées du feu.
Les palissades rouges les branchages de feu craquent griffent les noyaux vert rouge vert craquent les crochets griffent les arquebuses les fouets claquent les rochers carmin griffent vertes les lames claquent.
Et le dragon de la fumée retombe.
L'haleine.
Le fourré
qui mange.
Tu m'échappes!
Le mufle
du feu noir
qui languit
parmi les grilles.
Je t'ai touchée, n'est‑ce pas ?
Les nuages retombent.
épaisseurs
zée boucles
bruissements
astres baisers veilles
bruyères bises
brasier colères calculs
diadèmes drapés druides drogues
mais du moins te voilà séparée de toi‑même